L'auditorium.. un lieu magique qui a vu passer maintes personnes talentueuses de Juilliard ou même d'invités à l'école. C'est très beau, très noble, il impose le respect et a une très bonne acoustique. Les sièges rouges s'alignent en face de la scène et le premier étage est composé de divers balcons. Malgré ce que l'on pourrait penser, la décoration restait sobre mais belle. J'avançais donc, seule dans ce lieux gigantesque avec envie. Oui, j'avais envie d'être sur cette scène et chanter, donner de l'émotion à du public ou bien même chanter pour moi, ça m'aidait, ça me défoulait. En entrant à Juilliard, j'espérais que ça pourrait en venir à faire débuter une carrière, mon rêve. Mais vous savez ce qu'ils m'ont dit à mon arrivée ? J'avais un correspondant.. ok, pas ces chinois ou européens qui essaient de vous parler, non ! Un autre étudiant de Juilliard. Et le comble ! Il fallait qu'on arrive à le faire passer avant notre ambition ! Apprendre à le connaître, à être là pour lui dans les moments difficiles comme dans les bons, l'aider à lui aussi arriver à son rêve. C'est pas un défis, c'est une mise à mort. Généralement je ne suis pas pessimiste comme ça, mais imaginez vous tombez sur un vrai glandeur sans aucun talent qui est rentré dans cette école grâce à l'argent de papa et maman ? Vous croyez que c'est ce mec que j'ai envie de côtoyer et de penser qu'il peut m'aider tout au long de l'année ? Non pas du tout. Le contraire même. D'ailleurs, j'étais censé rencontrer ce correspondant ici, j'étais à l'avance, je vins m'asseoir dans un des sièges dans le fond, dans l'obscurité. Je n'osais pas imaginer ou chercher qui pourrait être avec moi, de peur de viser trop haut et d'espérer trop pour ensuite être bien déçue. C'était généralement comme ça, on imaginait le prince charmant, le grand gars très talentueux, et on se ramassait un petit freluquet n'ayant dans la vie comme but de gagner ses tournois dans un jeu tel World of Warcraft. Ouais, carrément. Je prendrais ce qu'ils m'auront attribué, espérons, juste que ce soit quelqu'un de bonne fois et qui en veux, car sinon l'année va être longue, très longue..

Juilliard avait décidément fait preuve d'initiative cette année avec l'histoire des correspondants. Enfin Miles aurait plutôt appelé ça un partenaire parce que l'objet ce n'était pas les échanges linguistiques. Au lieu d'aider la personne avec la grammaire, l'orthographe ou la conjugaison il allait devoir se trimballer un camarade qu'il était en plus obligé d'aider en temps de besoin puisque si celui-ci échouait, Oz' aussi pouvait dire adieu à son rêve. No wonder qu'il était en rogne. Surtout que la sociabilité et lui ça faisait deux. Depuis le cas Drew il s'était soudainement refermé. Mais bon il ferait avec. Son partenaire avait juste intérêt à travailler parce qu'il ne l'aurait pas facile au contraire, Miles était très exigeant. Le jeune homme laissa échapper un faible soupir. Allongé sur son lit, les bras derrière la tête Oz' observait paresseusement le plafond. Il avait rendez-vous avec sa correspondante dans environ 20 minutes. Oui une fille. Ça pouvait être un bon point ou bien un aspect négatif. Attends, non c'était seulement négatif. Bouarf. Erik de son deuxième nom décocha un coup d'oeil à l'horloge blanche au mur. 13h00 moins 10. Il devait y aller. Le beau brun se redressa. Il empoigna ses clés puis se dirigea vers le miroir en face de la porte d'entrée. Oz' replaça une mèche rebelle, puis, sa guitare en mains quitta le petit appartement qu'il occupait sur le campus de Juilliard. D'un bon pas il se déplaçait en direction de l'auditorium. Quelques minutes suffirent pour se rendre à l'imposante bâtisse ornée de quelques décorations victoriennes. Empruntant la porte d'usage vers l'arrière-scène, Miles déshabilla sa guitare puis, fit son apparition sur scène. Le jeune homme embrasa la salle du regard, mais ne remarqua personne, celle-ci plongée dans l'ombre. Bon, il allait devoir attendre, aussi bien se divertir un peu. Posant ses fesses musclées (8D) sur un tabouret, Oz' approcha le micro de sa bouche puis, guitare bien en place commença à gratter quelques cordes pour former des accords qu'il connaissait par coeur. Sa voix rauque entama une vieille chanson qu'il avait écrite du temps du décès de Drew. Le ton nostalgique, même dépressif de la chanson emplissait l'air ambiant dans un mélodie qui le ramenait dans le passé, le faisait se souvenir de choses qu'il aurait préféré oublier.

Pourquoi faire un effort vestimentaire pour ce correspondant ? Je me posais la question alors que je me trouvais devant mon armoire. Elle n'était pas très remplie, enfin elle l'était, oui je l'avoue, j'adore le shopping mais je n'ai pas les revenus qui vont avec ce loisir malheureusement et en comparaison avec les dressings que devaient avoir certaines filles de l'école, c'était assez petit. Oui, je parle bien de ces filles à qui il leur arrive de se changer deux voir trois fois dans la même journée et qui portent que des vêtements de marques quitte à se rendre ridicule car ça peux être assez loufoque parfois.. Je n'étais pas de leur trempe, et j'en étais contente. Pour lui, je m'habillerais normalement, pas besoin de plus je pense. Après tout, un des principes fondamental qui m'habitait depuis toujours était de rester naturelle quoi qu'il se passe, je vais pas contourner cette habitude pour ce mec. Une petite robe noire discrète avec une veste en cuir marron foncé accompagné de ballerines de même couleurs, et c'est bon. Arrangeant ma frange légèrement, j'avançais alors dans les couloirs tout en me mordant les lèvres. Il est vrai que cela m'énervait d'avoir un correspondant, être obligé de se coltiner quelqu'un qui pourrait freiner mon avancée, mais d'un côté c'était assez excitant, cette attente, de savoir qui est-ce que j'allais avoir. Mais je suppose qu'il n'y aura que ça, donc je profitais des derniers moments de suspens et d'excitation en rapport à cette histoire, qu'il me restait, en allant à l'auditorium. J'étais à l'avance, je le savais, de seulement quelques minutes, il n'allait pas tarder, mais je vins m'asseoir un peu vers le fond de la salle. J'étais en train de jouer avec mon portable lorsqu'un bruit attira mon attention et que je le vis entrer. Tiens, intéressant. Il avait une guitare, des tatouages, un look pas commun. J'aimais ça. Espérons qu'il soit talentueux ! Tiens, il commence à chanter. Oh mon dieu, son timbre est juste magnifique. Je l'écoute, lui, sa voix, son être qui souffre, ses paroles douloureuses. Mon dieu que c'est tristement beau. Je retiens ma respiration, ferme les yeux puis les ré ouvres. Me lève lorsqu'il a finit, m'avance quelque peu dans la lumière. Mes yeux brillent, il m'a donné beaucoup d'émotion. « Waw.. » laissais-je échapper.